Chaque année en France, une semaine d’octobre est dédiée au goût. La découverte de nouvelles saveurs, la mise en valeur de recettes… Cette semaine du goût a pour but premier de promouvoir le patrimoine culinaire. Mais savez-vous qu’à l’origine, en 1990, il s’agissait d’une initiative des industries du sucre ? Visant bien sûr à en encourager la consommation, contrer la mode du « light »… L’événement est ultérieurement placé sous le Haut Patronage du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation (2017). Mieux ? Sachez que c’est toujours l’occasion pour les lobbies agro-alimentaires de mener des actions de valorisation de pratiques pas toujours diététiques ni écologiques. Mais ne mélangeons pas tout. Car la semaine du goût est aussi l’occasion de sensibiliser au gaspillage alimentaire, de promouvoir les bénéfices d’une alimentation locale, saine et durable, de la préservation des ressources en eau.
Déchets alimentaires ? gaspillage alimentaire ?
On appelle « denrée alimentaire » toute substance ou produit, transformé, partiellement transformé ou non transformé, destiné à être ingéré ou raisonnablement susceptible d’être ingéré par l’être humain. Une partie n’est pas comestible : par exemple nous ne mangeons ni les os de poulet ni les noyaux de pêche…
Ce qu’on jette à la poubelle devrait être uniquement ce qui n’est pas comestible… Mais ce n’est pas toujours le cas. La loi française définit donc le gaspillage alimentaire comme « toute nourriture destinée à la consommation humaine qui, à une étape de la chaîne alimentaire est perdue, jetée ou dégradée ». Il s’agit donc de la part comestible des déchets alimentaires. C’est la définition actuelle en France… Il y a quelques années, on y ajoutait les pertes à la récolte et la valorisation animale
Quelques chiffres communiqués par le Ministère de l’Agriculture pour 2022 :
- déchets alimentaires produits sur l’ensemble de la chaîne alimentaire : 9,4 millions de tonnes (42% par les ménages, 25% par les industries agro-alimentaires).
- la part comestible de ces déchets s’élève à 43% : environ 4 Tonnes jetées alors que certains en France ne mangent pas à leur faim !
Des lois anti-gaspillage
La France s’est engagée dès 2013 à diminuer le gaspillage alimentaire. Une loi a par exemple incité les distributeurs à vendre à prix réduits tous les aliments approchant de leur date limite de consommation. Ou de les donner à des associations telles que les restau du cœur. Cette page ministérielle rappelle les lois françaises en matière de lutte contre le gaspillage alimentaire. Cette autre page les lois européennes et les accords internationaux. Je vous y renvoie si votre activité professionnelle est concernée. Ici, je vais rappeler des pistes « de bon sens » pour limiter le gaspillage à l’échelle individuelle… ce sera de plus autant d’argent économisé.
Agir au quotidien contre le gaspillage alimentaire
Achats impulsifs, mal proportionnés, restes mal conservés sont les premières causes du gaspillage alimentaire des ménages. Quelques pistes pour limiter que des aliments se retrouvent à la poubelle :
Règle numéro 1 : bien doser courses et cuisine
En course, il s’agira peut-être d’y aller avec le ventre plein plutôt que le ventre creux pour ne pas être tenté. Pour beaucoup la liste de courses définie en fonction des menus de la semaine sera « LA » solution. Mais aussi choisir du vrac (avec des sacs et contenants réutilisables) pour évaluer les quantités adaptées tout en évitant les emballages.
En cuisine, adaptez selon que vous désirez préparer pour une ou plusieurs fois. Par exemple vous pouvez décider d’avoir volontairement des restes pour disposer d’un repas tout prêt à tel ou tel moment. Ou vous pouvez ne pas vouloir avoir de restes. Par expérience, on connaît l’appétit des uns et des autres, tenez-en compte pour bien doser.
Règle numéro 2 : savoir lire les dates.
Pour tout ce qui est viande et poisson frais, le respect de la date est impératif… Mais on peut la contourner en mettant la viande ou le poisson au congélateur AVANT la date limite. Par exemple, vous avez vu une belle promotion sur le poisson frais. Vous avez vérifié qu’il ne s’agit pas de poisson décongelé. Il y en a trop ? Congelez tout ce qui est en trop.
Du côté des yaourts, il s’agit de dates indicatives. Si vous dépassez un peu, ce n’est vraiment pas grave dans la mesure où ils sont fermés et ont été gardés au frais.
Quant aux conserves… les industriels y mettent une date car c’est la loi mais, dans la mesure où la conserve n’est pas ouverte, on peut ne pas s’en préoccuper.
Règle numéro 3 : bien conserver aliments frais et restes
On adaptera aux fruits, légumes, produits laitiers, viande, pain, restes… Pour le pain on aura peut-être une boîte à pain ou un torchon propre dédié. Pour les restes des boîtes pouvant fermer hermétiquement…
Règle numéro 4 : apprendre à cuisiner restes et « déchets »
Du pain qui devient dur ? Voilà une excellente base pour du pain perdu, un pudding ou de la chapelure.
Des fruits qui commencent à être bien mûrs ? Smoothie, compote, salade de fruits, confiture, les possibilités sont multiples.
Et même, savez-vous que la peau de banane peut être utilisée pour l’entretien du cuir et, si elle est bio, pour parfumer un gâteau ? Il suffit de mixer dans la peau de banane dans la pâte à gâteau.
Savez-vous que des épluchures (bio) et trognons de pommes peuvent être une base pour fabriquer un vinaigre de pomme maison ?
Les coquilles d’œuf ? Broyées, elles deviennent poudre à récurer « 0 déchet », apport de calcium pour plantes, animaux ou humains, etc. Bien des sites regorgent de conseils pour utiliser les coquilles d’œuf.
Ainsi, bien des déchets peuvent devenir matière première pour un autre usage.